terça-feira, 13 de dezembro de 2011

BRASIL UM GIGANTE AFRICANO

Le Brésil, un géant qui émerge en Afrique

Le président Lula avait choisi l'Afrique comme priorité stratégique pour le Brésil. Les liens diplomatiques ont été renforcés et les échanges économiques grimpent en flèche.

Le 8 mai, le président du Mozambique Armando Guebuza (au centre) a inauguré la mine du brésilien Vale. AFP/Johannes Myburgh
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Mise à jour du 17 novembre: la présidente du Brésil Dilma Rousseff a effectué en octobre son premier voyage officiel sur le continent africain depuis sa prise de fonction en janvier 2011. Elle a visité l'Afrique du Sud, le Mozambique et l'Angola. Elle prévoit d'envoyer d’ici la fin novembre dans ces trois pays une délégation de l'Agence de promotion des exportations, avec des industriels brésiliens en quête d'investissements et d'opportunités commerciales. Comme son prédécesseur, elle mise sur le renforcement des relations avec l'Afrique pour devenir d’ici 2022 la cinquième économie mondiale.
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Des représentants de 28 pays africains étaient au mois de mai 2011 en mission d'observation au Brésil dans le cadre du programme de coopération signé en 2010 entre le géant sud-américain et le continent. L'aboutissement d'un processus initié par Luis Inácio Lula da Silva à son arrivée au pouvoir en 2003 et qui a fait de l’Afrique une priorité stratégique pour le Brésil.
C'est d'abord sur le terrain politico-diplomatique que le Planalto (le palais présidentiel de Brasilia) a cherché à élargir sa zone d'influence en ouvrant des ambassades: le Brésil en avait 13 en 2002 sur le continent, il en a aujourd'hui 32. Le président Lula a effectué 28 visites d’Etat en Afrique de 2003 à 2010 (contre 9 en Amérique du Nord), accompagné de chefs d'entreprises. Il a même été l’invité d’honneur du 13e sommet de l’Union africaine (UA) à Syrte, en Libye, en juin 2009. A la tribune, il a rappelé que le Brésil et l'Afrique ont des liens culturels comme la langue, la musique ou la religion, et a souligné que le Brésil «n'a pas de passé colonial».
Cette activité politique s'inscrit dans une démarche visant à développer une coopération Sud-Sud et non plus seulement Nord-Sud: en novembre 2006, le premier sommet Afrique-Amérique du Sud (Afras) à Abuja, la capitale du Nigeria, a entériné un plan d’action dans ce sens. «Les affinités historiques, techniques, culturelles, linguistiques et économiques, ainsi que les héritages et les aspirations partagées» font que les expériences brésiliennes «sont généralement plus adaptées» en Afrique que celles des «partenaires issus de nations traditionnelles», a indiqué Marco Farani, directeur de l'Agence brésilienne de coopération (ABC), qui insiste également sur le terme d'«échange» d'expériences.

La «révolution verte»

De fait, le président Lula a cherché à marquer sa différence lors du Sommet de l'UA en lançant l'idée d'une «révolution verte» dans le cadre d'un Dialogue Brésil-Afrique sur la sécurité alimentaire, la lutte contre la faim et le développement rural (PDF). Vaste programme. L'idée a fait son chemin et s'est concrétisée par une rencontre officielle des ministres de l'Agriculture africains, des autorités brésiliennes et de représentants de l'UA, de l'ONU, de la Banque mondiale et d'organisations non gouvernementales, à Brasilia en mai 2010. Lors de la présentation de ce Dialogue Brésil-Afrique, Celso Amorim, ministre des Affaires étrangères de 2003 à 2010, a une nouvelle fois martelé le même discours:  
«Le Brésil et l’Afrique sont liés par des liens historiques, culturels et démographiques indiscutables» et «le continent africain a toujours constitué une priorité pour l'actuelle politique étrangère brésilienne», celle de Lula.
Ce programme est piloté au Brésil par l'ABC, qui n'a pas les mêmes moyens que les agences européennes ou nord-américaines, mais est une des premières émanant d'un pays en développement, devenu la 8e puissance mondiale. Un modèle brésilien? Cela semble être en tout cas l'avis du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud): ses directeurs Amérique latine et Afrique se sont rencontrés au Brésil en mars 2011 pour renforcer leur soutien, y compris financier, à cette coopération. La coordinatrice des programmes du Pnud Brésil, Maristela Baioni, a relevé «les expériences réussies en matière de sécurité alimentaire, d'agriculture, de réduction de la pauvreté et d'éradication de la faim». Expériences à mettre au crédit de Lula, qui a lancé dès son accession au pouvoir le programme «Faim Zéro» et mis en place une aide financière pour les plus démunis, la Bolsa familia.
Dans le cadre du Dialogue Brésil-Afrique, le gouvernement de Brasilia s'est engagé à mener 10 projets-pilotes agricoles. Il a ouvert un bureau de l'Institut brésilien de recherche agroalimentaire (Embrapa) à Accra, au Ghana: 95.000 dollars (66.170 euros) viennent d'être débloqués pour moderniser la production agricole familiale, et 171 centres de mécanisation agricole seront installés dans le pays en 2011-2012, avec des machines importées du Brésil. Ces fonds proviennent de la Chambre brésilienne du commerce extérieur, qui a approuvé en novembre 2010 un plan de financement de 640 millions de dollars (446 M€) sur deux ans destiné à l'agriculture vivrière.
Concernant la santé, de nombreux pays suivent avec attention la politique brésilienne de lutte contre le sida: le pays a produit dès 1996 des médicaments génériques accessibles aux populations les plus démunies, ce qui lui a valu des poursuites. Des accords viennent d'être signés avec le Mozambique et le Sénégal pour une fabrication locale d'antirétroviraux.
Autre particularité brésilienne figurant au programme des «échanges d'expériences»: les biocarburants. Deuxième producteur et premier exportateur mondial d'éthanol, le Brésil cherche à exporter sa technologie en Afrique, vantant les bénéfices pour développer l'agriculture et réduire la dépendance au pétrole.

Priorité à l'Angola

Pour le Brésil, la coopération gouvernementale, essentiellement technologique, est encore plus forte avec les Pays africains de langue officielle portugaise, les Palop, autrement dit l'Angola, le Mozambique, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, São Tomé e Principe.
En mai 2011, l'Agence brésilienne de promotion des exportations et investissements (Apex) a mis en avant le «marché cible de l'Angola», pour encourager les entreprises à y investir ou exporter:  
«L'Angola est un marché au potentiel énorme pour les exportations brésiliennes. Nos exportations vers ce pays sont passées de 64 millions de dollars (45 M€) en 1999 à 947 M$ (660 M€) en 2010, avec un record de 1,3 milliard en 2009», a affirmé Mauricio Borges, président d'Apex-Brésil.
L'Angola affiche il est vrai des prévisions de croissance de son PIB de 7,5% par an d'ici à 2014, et est en demande de produits manufacturés. Il est déjà l'un des trois premiers clients des exportateurs brésiliens en Afrique, la première destination des investisseurs, et un important fournisseur de pétrole pour le Brésil. Après une longue guerre civile, ce pays d'Afrique australe est en reconstruction depuis une petite décennie, financée grâce aux ressources pétrolières. Forte de ce constat et avec l'objectif d'augmenter les échanges commerciaux entre les deux pays, l'Apex a d'ailleurs ouvert en novembre 2010 son premier centre d'affaires en Afrique à Luanda, la capitale d'un pays où le Brésil est encore largement devancé par les Chinois, entre autres.

L'eldorado des mines

Cette activité politique a bien entendu donné un sérieux coup de pouce aux échanges commerciaux, qui ont plus que triplé pendant les deux mandats de Lula, passant de 6,15 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros) en 2003 à 20,56 milliards de dollars (14,3 milliards d'euros) en 2010 (avec un pic à 25,93 milliards de dollars en 2008), selon les chiffres du ministère du Commerce extérieur. De 2003 à 2010, les exportations du Brésil en Afrique sont passées de 2,86 milliards de dollars à 9,26 milliards, mais les importations ont encore plus augmenté, passant de 3,29 à 11,30 milliards de dollars.
Plusieurs poids lourds de l'économie brésilienne ont pris pied sur le continent. Par exemple la compagnie pétrolière Petrobras, qui a signé des accords d'exploration et/ou d'exploitation avec l'Angola, le Nigeria, la Namibie, la Libye, la Tanzanie, le Sénégal ou plus récemment le Bénin. Le secteur minier est particulièrement important en Afrique et Vale, numéro un mondial du minerai de fer, est déjà présent au Gabon (manganèse), en Angola (cuivre, nickel), en Afrique du Sud (logistique), en Guinée (bauxite), en Zambie (cuivre), en République démocratique du Congo (cuivre, cobalt), au Liberia (pour le transport), au Malawi (pour le transport). Au Mozambique, Vale a lancé officiellement le 8 mai 2011, en présence du président mozambicain Armando Guebuza, l'exploitation près de Tete d'un énorme gisement de charbon moyennant un investissement de 1,3 milliard de dollars (905 millions d'euros).
Les infrastructures nécessaires à l'exploitation sont construites par Odebrecht, le constructeur brésilien très présent en Afrique également, notamment en Angola, où il est devenu le plus gros employeur privé. Les exemples sont nombreux, et on pourrait encore citer, parmi d'autres, l'entreprise de BTP Camargo Corrêa, qui va construire une usine hydroélectrique au Mozambique (3,2 milliards de dollars), le cimentier Votorantim et le constructeur aéronautique Embraer.
Une chose est sûre: le pays locomotive pour les investissements étrangers en général et brésiliens en particulier est l'Angola. Outre le centre d'affaires existe une Association des entrepreneurs et cadres brésiliens en Angola (Aebran). La dauphine de Lula, Dilma Rousseff, qui lui a succédé début 2011 à la présidence, ne devrait pas infléchir cette politique. Le mouvement n'est pas prêt de s'arrêter.
Laurence Rizet

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